4 February 2008

Interview Mathieu Bouyoud

 

 

style="mso-bidi-font-weight: normal">Tu reviens d'un séjour dans les gorges de la Dourbie. Qu'est-ce qui t'a donné envie d'aller grimper là-bas ?

L’été dernier, j’ai rencontré Pierre Soulé qui m’a encouragé à venir sur son terrain de jeu. Je ne disposais que d’une semaine et je ne voulais pas perdre de temps en transport. La vallée de la Dourbie est superbe, un nouveau topo (Boffi et Cantobre) a été édité, je ne regrette pas le choix de cette destination.

  

 

style="mso-bidi-font-weight: normal">Tu as fait quelques jolies croix , notamment à la Verrière. Est-ce que ça t'a plu ? Et as-tu envie de te mobiliser pour réaliser d'autres projets ?

La Verrière est un beau site de rési, sur colos, facile d’accès, à découvrir petit à petit car il y a des combinaisons de voies. J’ai bénéficié des méthodes d’une très forte grimpeuse Charlotte Durif . C’est elle qui m’a permis de réduire considérablement le nombre d’essais. Je souhaite revenir pour rencontrer l’ouvreur et suivre ses conseils dans les 8c.

A signaler qu’en juin prochain un nouveau Roc trip à Millau sera proposé par des organisateurs toujours très passionnés ! Ce sera l’occasion de découvrir une nouvelle falaise avec de belles voies.

 

Beberechos, 8c, La Verrière, Gorges de la Dourbie -  photo Y.Bouyoud

Ce n’est pas courant qu’une demoiselle conseille un fort grimpeur dans ses méthodes ! Tu l’as vécu comment ? Tu aurais peut-être préféré que ce soit le contraire ?

Au club « Chambéry escalade »,  nous  nous entraînons  souvent ensemble, filles et garçons réunis, sur résine et en falaises. Cela m’a permis de voir qu’il n’y a pas qu’une seule manière de franchir un pas d’escalade : moins en force et plus de souplesse pour les unes, plus de bourrinage pour les autres. J’ai déjà croisé Charlotte à Rodellar, elle m’est apparue très performante  dans le « à vue » ; Charlotte a sa méthode bien à elle, capable de rester très longtemps dans une voie de conti. Je lui souhaite d’enchaîner  l’intégrale de  « la voie lactée »  à la Balme de Yenne ; c’est une voie faite pour elle, j’espère qu’elle fera appel à moi pour les méthodes.

Qu’est-ce que ça t’apporte de grimper avec Charlotte plutôt qu’avec un garçon ?

Je pense que je gagne beaucoup de temps à écouter les conseils d’une personne, fille ou bien garçon,  qui connaît bien le site sur lequel nous grimpons. Une personne très motivée en falaise  peut communiquer son enthousiasme, c’est le cas de Charlotte.

La personne avec qui tu partages ta journée, a-t-elle une incidence sur ta façon de grimper et ta motivation à réussir une voie ?

C’est certain que le fait d’être deux sur le même projet permet de se motiver mutuellement et de progresser plus vite dans une voie. Changer de coéquipier me permet aussi de changer de style de voies (longues et contis ou courtes et plus résis)

Quel est ton sentiment préféré parmi ceux que te procure l’escalade ?

J’aime les moments où j’ai le sentiment de dominer la voie que je gravis,  et que rien ne peut m’arriver.

 

VO2 Max, 8a+/b, Cantobre, Gorges de la Dourbie - Photo T.Durif

style="mso-bidi-font-weight: normal">Comment vois-tu la prochaine saison : plutôt falaise ou plutôt compétition ?

style="mso-bidi-font-weight: normal">Et qu'est-ce qui te motive le plus à moyen ou à long terme ?

La prochaine saison sera falaise et compétition avec le même investissement. A long terme, je souhaite bien évidemment augmenter mon niveau en falaise. J’ai aussi toujours des projets d’équipement : dans la partie haute de la Balme de Yenne il reste des possibilités d’ouverture,  au Mont Peney j’ai commencé un itinéraire difficile de plusieurs longueurs…en bref, faire le premier parcours d’une nouvelle ligne me motive énormément.

En compétition l’objectif est simple : donner le meilleur de moi-même afin d’être sélectionné pour des rencontres internationales.

style="mso-bidi-font-weight: normal">Disposes-tu d’un aménagement « adapté » de ton emploi du temps ? Et quel temps consacres-tu à l’escalade ?

Je ne bénéficie d’aucun emploi du temps aménagé. Chaque semaine je m’entraîne deux fois avec le club « Chambéry escalade » sur résine, le week-end je grimpe aussi en falaises chaque fois  que la météo est clémente. Pour ce qui du contenu, c’est chaque année à peu près la même chose : du volume de voies en automne, du bloc en hiver, puis du volume et de la qualité de voies pour les deux saisons suivantes.

style="mso-bidi-font-weight: normal">Je crois que tu es en terminale. Après le bac, envisages-tu d'aller à l'étranger pour vivre d'autres expériences et grimper dans d'autres contextes ?

Je suis en terminale S et j’envisage de poursuivre mes études (peut-être une école de commerce) en espérant avoir toujours du temps pour grimper. Je n’ai pas encore trouvé la solution pour me consacrer  uniquement à l’escalade.

style="mso-bidi-font-weight: normal">Paul Robinson a dressé une liste des blocs qu'il envisage de faire en 2008. As-tu le même genre de démarche ou  grimpes-tu au feeling, selon les envies et les opportunités du moment ?

Je ne dresse aucune liste précise mais il me reste une  multitude de voies difficiles près de la maison. Sinon  je vais grimper encore au feeling, les nouveaux  projets naîtront certainement avec de nouvelles rencontres et de nouvelles falaises.

Cantobre, gorges de la Dourbie - Photo T.Durif

style="mso-bidi-font-weight: normal">On entend beaucoup parler de très forts grimpeurs de ton âge qui font des trucs extraordinaires, que ce soit en falaise ou en bloc. Tu as à peu près le même âge que Daniel Woods qui passe actuellement une année en Europe. Comment tu te situes par rapport à eux ?

Je n’ai jamais croisé Daniel Woods, mais j’ai eu la chance de voir grimper Adam Ondra l’année passée à Santa Linya. Il est très jeune, son niveau est époustouflant, il est sur une autre planète : deux 8c+ dans la journée, j’en suis resté sur le cul et j’ai pu mesurer tout le travail qu’il me reste pour  arriver à son niveau.  C’est dommage, le manque de temps et  la barrière de la langue ne m’ont  permis aucun échange avec lui.

 

Que te manque-t-il pour réellement percer en escalade ?
Je souhaiterais bien évidemment percer en escalade mais je n’ai actuellement pas le temps suffisant pour m’entraîner.

style="mso-bidi-font-weight: normal">Ne penses-tu pas que les jeunes grimpeurs français misent trop sur la compétition pour s’imposer en escalade ?

Pour être fort en compétition, il faut être également très fort en falaise ; il n’y a qu’à regarder les performances actuelles des espagnols Ramon et Patxi  pour s’en convaincre. style="mso-bidi-font-weight: normal">

A la Chambotte - Photo C.Bouyoud

 

style="mso-bidi-font-weight: normal">Les sponsors qui te soutiennent seraient-ils prêts à te suivre pour te donner les moyens de réaliser des voies dures ailleurs qu'à la porte de ta maison ?

La marque  MILLET   ainsi que les entreprises CILAO et  Jegrimpe.com  me font actuellement  confiance ; la première de ces marques m’a assuré de son soutien pour un projet de voyage lié à l’escalade. Ne pouvant pas partir dans l’immédiat  pour cause d’examen,  j’espère bien en profiter les  prochaines années.

style="mso-bidi-font-weight: normal">Au classement proposé par 8a, tu es actuellement 4ème en France (juste derrière Charlotte) et 21ème au classement mondial. Quelle importance donnes-tu à ce classement ?

Je ne fais pas très attention  au classement proposé par 8anu,  mais ce serait mentir de dire que je n’éprouve pas de satisfaction à y figurer en bonne place. Je regarde très attentivement la liste des voies faites par tel ou tel grand grimpeur français ou étranger. De retour de week-end je sais par exemple si mon entraîneur David Laurent a réussi la dernière voie qu’il a équipée, elle devient souvent  un de mes nouveaux projets.

 

style="mso-bidi-font-weight: normal">Quelle signification donnes-tu au classement  établi par la FFME ?

Comme beaucoup le savent les classements fédéraux sont effectués  de manière mathématique à travers des compétions sur murs artificiels. Il faut être en forme le jour de la compèt,  être capable de gérer son stress, être performant  dans le « à vue »… Des conditions  difficiles à réunir le même jour, cela représente chaque fois un challenge.

En falaise c’est tout de même différent : si l’on n’est pas performant un jour,  il suffit de remettre l’essai  à plus tard, ou  simplement  laisser « mûrir » la voie.

Le classement de 8a.nu est basé sur la sincérité de chacun et les performances sont faites en milieu naturel ; on y  retrouve les meilleurs compétiteurs aux meilleures places, ce n’est pas du au hasard.

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style="mso-bidi-font-weight: normal">Quelles sont tes principales qualités en escalade ?

La conti est ma principale qualité ce qui ne m’avantage pas toujours en compétition.

 

Ton principal défaut ?

La force.

style="mso-bidi-font-weight: normal">Et dans la vie ?

Mes parents me reprochent de ne pas être très bavard mais sinon je pense être supportable.

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