6 March 2008

Jibé Tribout just did it !

Jibé Tribout just did it again !

Douze ans après son dernier 8c, le Bronx à Orgon, à 46 ans Jibé Tribout enchaînait il y a peu style="mso-bidi-font-weight: normal">Guerre d’Usure, 8c, une voie atypique et vraiment superbe de Claret. Dans son cas (…), style="mso-bidi-font-weight: normal">guère d’usure (on n’est pas certain de l’orthographe d’origine) lui aurait mieux convenu puisqu’après quelques runs, il y a deux ans, quatre autres auront suffit pour plier l’affaire.

En 1986, "Les spécialistes" au Verdon, 8b+ - photo Philippe Royer

...20 ans plus tard une session de bloc à Bleau - photo Prana

Jibé connaît presque tout de l’évolution de l’escalade (sauf les espadrilles et les cordes en chanvre ! Quoi que !?... :-)  et il y a contribué pour une grande part. Les voies d’artifs à libérer, les premières voies équipées du haut, les premiers pas dans le huitième degré, l’escalade de face de Mouriès ou du Verdon en plein été, la lolotte pour s’adapter aux dévers de plus en plus prononcés, la poutre, les premiers pans, les premières compétitions au milieu des années 80… A Smith Rock (Oregon), en 1986, il libère « To bolt or not to bolt » le premier 8b+ des States. Il récidive en 1992 avec « Just do it », là aussi le premier 8c+ du pays que très peu d’autochtones ont réussit à prendre au pied de la lettre… En France, on retiendra surtout le « Superplafond » 8c+ à Volx dont les répétitions se comptent encore sur les doigts d’une main. (Pour en savoir plus, lire l’interview accordée à escalademag ).

Fort de son parcours, il n’y a guère qu’à lui-même qu’il a, de temps en temps, des choses à prouver !... Personne ne lui reprocherait de ne plus être au top de ses possibilités ! Mais voilà, Jibé n’a pas l’intention de baisser ses exigences et c’est certainement ce qui l’a mené à son plus haut niveau.

C’est vrai quoi ! Pourquoi rester bon lorsqu’on peut être excellent !?...

Aujourd’hui père de trois garçons et à la tête d’une entreprise de produits outdoor, nous avons voulu savoir quel avait été son cheminement pour retrouver la grande forme.

En famille à Happy Boulder - Photo Valoo Tribout

Copa de Cigala, 8a+, Siurana - Photo Laurent Zoutte

Depuis 1997, quand j’ai arrêté d’être « pro », je grimpais à la « cool », un peu lourd, forçant de temps en temps, mais sans jamais me donner vraiment les moyens de perfer. Pas facile de se mettre en danger et on a vite fait de se trouver des excuses. Depuis deux ans, j’ai recommencé à en avoir envie et petit à petit, l’appétit est revenu .Un premier voyage deux ans avant m’avait montré que je pouvais faire « guerre d’usure » si j’étais en forme. Et c’est bien là le problème… Etre en forme c’est très facile de le dire et d’en rêver, mais très difficile à mettre en œuvre tant cela demande de casser ses habitudes et surtout de se forcer un peu.

Début janvier, j’ai réellement commencé à m’entraîner en rési et sur surtout maigrir un peu ! Que c’est dur de maigrir quand tu es en « surpoids » (léger quand même !) !! Et c’est là que le processus mental est intéressant car tu fais face à toi-même, sur tes choix : ai-je vraiment envie de faire des voies plus dures ou est-ce que je me contente de ma tranquille routine ? Jusqu’où suis-je prêt à faire des efforts pour cela ?

En fait, j’ai accepté le challenge et deux mois après, délesté de 3 kilos, et suite à quelques belles séances de rési avec mes fils, la forme est arrivée. Après, « guerre » s’est fait très vite. J’ai fait une montée au soleil et avant la nuit j’ai mis un essai. Là un peu surpris quand même, je tombe au dernier mouvement dur ! L’essai d’après, trop cuit par manque de temps et de repos, je tombe plus bas … Néanmoins, je sentais que cela pouvais faire vite.

Football Fan, 8a, Fraguel - Photo Valou Tribout

A bout de souffle, 8b, Peilhon - Photo Valou Tribout

Malgré toute mon expérience, l’amusant c’est qu’à nouveau la pression monte en moi devant l’exigence de la réussite et j’ai retrouvé des sensations que je vivais quand je ne faisais que grimper. « Tu penses à la voie, tu regardes la météo, la peau de tes doigts, tu refais les mouvements dans la tête...avec parfois l’envie de te dire : non, tu la feras plus tard, quand tu seras plus en forme. ». Ce serait tellement plus confortable ! Bref une journée de repos plus tard, je me retrouve au pied. Le ciel est gris, parfait, quoiqu’un peu froid et humide. Après un 7a de chauffe, je mets un essai « pour voir » et je tombe très haut, les doigts gelés. J’en profite pour peaufiner encore quelques détails de pieds et une heure après, c’est reparti !

Et là, à la décontraction, je sens que ça va faire. J’ai vraiment envie. Je suis là, les doigts sont chauds, Valou est prête et aussi concentrée que moi. Tout est ok. La vague pensée d’un possible échec est vite rejetée et c’est parti. Je monte nickel. Je mousquetonne avec l’inversée main gauche avant le crux et je me jette dans « sale » arquée main gauche n’a pas grossit mais je la sens bien, je cale pied droit, claque le plat, arme le pouce et envoie le jeté main gauche. C’est ici le plus délicat pour moi : je talonne pied droit, attrape hyper tendu le bidoigt, ramène à la réglette ; il me reste un dernier déplacement de pied aléatoire que je fait juste, juste...avant d’envoyer un bon jeté sur la prise quasi finale.(Ndlr : et lâche un « Aaah » très fashion :-) Il faut que je clippe et là … Non je suis un peu limite, je continue donc, en sautant le point !! Pas trop mon style ! Et ca sort ! Un bon cri, une bonne dose d’adrénaline et qu’est ce que l’on se sent bien !...

 

Voilà comment douze ans après mon dernier 8c, je refais ce niveau ! Bien sûr, cela donne des idées pour continuer un peu dans cette voie là !!! On verra dans les mois qui viennent si quelques voies veulent bien me laisser passer jusqu’à la chaine !? En tout cas, j’ai passé deux mois très intéressants sur le plan mental pour accorder mes réalisations avec mes envies. C’est cette démarche que je voulais depuis longtemps entreprendre.

Médérik craque, 8a+, Gorges du Tarn - Photo Laurent Zoutte

0 comments
Favorites