Jibé Tribout just did it !
Jibé Tribout just did it again !
Douze ans après son dernier 8c, le Bronx à Orgon, à 46 ans Jibé Tribout enchaînait il y a peu style="mso-bidi-font-weight: normal">Guerre dUsure, 8c, une voie atypique et vraiment superbe de Claret. Dans son cas ( ), style="mso-bidi-font-weight: normal">guère dusure (on nest pas certain de lorthographe dorigine) lui aurait mieux convenu puisquaprès quelques runs, il y a deux ans, quatre autres auront suffit pour plier laffaire.
...20 ans plus tard une session de bloc à Bleau - photo Prana
En 1986, "Les spécialistes" au Verdon, 8b+ - photo Philippe Royer
Jibé connaît presque tout de lévolution de lescalade (sauf les espadrilles et les cordes en chanvre ! Quoi que !?... :-) et il y a contribué pour une grande part. Les voies dartifs à libérer, les premières voies équipées du haut, les premiers pas dans le huitième degré, lescalade de face de Mouriès ou du Verdon en plein été, la lolotte pour sadapter aux dévers de plus en plus prononcés, la poutre, les premiers pans, les premières compétitions au milieu des années 80 A Smith Rock (Oregon), en 1986, il libère « To bolt or not to bolt » le premier 8b+ des States. Il récidive en 1992 avec « Just do it », là aussi le premier 8c+ du pays que très peu dautochtones ont réussit à prendre au pied de la lettre En France, on retiendra surtout le « Superplafond » 8c+ à Volx dont les répétitions se comptent encore sur les doigts dune main. (Pour en savoir plus, lire linterview accordée à escalademag ).
Fort de son parcours, il ny a guère quà lui-même quil a, de temps en temps, des choses à prouver !... Personne ne lui reprocherait de ne plus être au top de ses possibilités ! Mais voilà, Jibé na pas lintention de baisser ses exigences et cest certainement ce qui la mené à son plus haut niveau.
Cest vrai quoi ! Pourquoi rester bon lorsquon peut être excellent !?...
Aujourdhui père de trois garçons et à la tête dune entreprise de produits outdoor, nous avons voulu savoir quel avait été son cheminement pour retrouver la grande forme.
En famille à Happy Boulder - Photo Valoo Tribout |
Copa de Cigala, 8a+, Siurana - Photo Laurent Zoutte |
Depuis 1997, quand jai arrêté dêtre « pro », je grimpais à la « cool », un peu lourd, forçant de temps en temps, mais sans jamais me donner vraiment les moyens de perfer. Pas facile de se mettre en danger et on a vite fait de se trouver des excuses. Depuis deux ans, jai recommencé à en avoir envie et petit à petit, lappétit est revenu .Un premier voyage deux ans avant mavait montré que je pouvais faire « guerre dusure » si jétais en forme. Et cest bien là le problème Etre en forme cest très facile de le dire et den rêver, mais très difficile à mettre en uvre tant cela demande de casser ses habitudes et surtout de se forcer un peu.
Début janvier, jai réellement commencé à mentraîner en rési et sur surtout maigrir un peu ! Que cest dur de maigrir quand tu es en « surpoids » (léger quand même !) !! Et cest là que le processus mental est intéressant car tu fais face à toi-même, sur tes choix : ai-je vraiment envie de faire des voies plus dures ou est-ce que je me contente de ma tranquille routine ? Jusquoù suis-je prêt à faire des efforts pour cela ?
En fait, jai accepté le challenge et deux mois après, délesté de 3 kilos, et suite à quelques belles séances de rési avec mes fils, la forme est arrivée. Après, « guerre » sest fait très vite. Jai fait une montée au soleil et avant la nuit jai mis un essai. Là un peu surpris quand même, je tombe au dernier mouvement dur ! Lessai daprès, trop cuit par manque de temps et de repos, je tombe plus bas Néanmoins, je sentais que cela pouvais faire vite.
A bout de souffle, 8b, Peilhon - Photo Valou Tribout
Football Fan, 8a, Fraguel - Photo Valou Tribout
Malgré toute mon expérience, lamusant cest quà nouveau la pression monte en moi devant lexigence de la réussite et jai retrouvé des sensations que je vivais quand je ne faisais que grimper. « Tu penses à la voie, tu regardes la météo, la peau de tes doigts, tu refais les mouvements dans la tête...avec parfois lenvie de te dire : non, tu la feras plus tard, quand tu seras plus en forme. ». Ce serait tellement plus confortable ! Bref une journée de repos plus tard, je me retrouve au pied. Le ciel est gris, parfait, quoiquun peu froid et humide. Après un 7a de chauffe, je mets un essai « pour voir » et je tombe très haut, les doigts gelés. Jen profite pour peaufiner encore quelques détails de pieds et une heure après, cest reparti !
Et là, à la décontraction, je sens que ça va faire. Jai vraiment envie. Je suis là, les doigts sont chauds, Valou est prête et aussi concentrée que moi. Tout est ok. La vague pensée dun possible échec est vite rejetée et cest parti. Je monte nickel. Je mousquetonne avec linversée main gauche avant le crux et je me jette dans « sale » arquée main gauche na pas grossit mais je la sens bien, je cale pied droit, claque le plat, arme le pouce et envoie le jeté main gauche. Cest ici le plus délicat pour moi : je talonne pied droit, attrape hyper tendu le bidoigt, ramène à la réglette ; il me reste un dernier déplacement de pied aléatoire que je fait juste, juste...avant denvoyer un bon jeté sur la prise quasi finale.(Ndlr : et lâche un « Aaah » très fashion :-) Il faut que je clippe et là Non je suis un peu limite, je continue donc, en sautant le point !! Pas trop mon style ! Et ca sort ! Un bon cri, une bonne dose dadrénaline et quest ce que lon se sent bien !...
Voilà comment douze ans après mon dernier 8c, je refais ce niveau ! Bien sûr, cela donne des idées pour continuer un peu dans cette voie là !!! On verra dans les mois qui viennent si quelques voies veulent bien me laisser passer jusquà la chaine !? En tout cas, jai passé deux mois très intéressants sur le plan mental pour accorder mes réalisations avec mes envies. Cest cette démarche que je voulais depuis longtemps entreprendre. |
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Médérik craque, 8a+, Gorges du Tarn - Photo Laurent Zoutte |